vendredi 12 décembre 2008

Folies marginales et marginaux fous :Le traitement des notes de bas de page dans House of Leaves de Mark Z. Danielewski.


A paraitre dans le numéro 11 de la revue Posture: "Écrire (sur) la marge: folie et littérature", au printemps 2009

Folies marginales et marginaux fous : Le traitement des notes de bas de page dans House of Leaves de Mark Z. Danielewski.


La note de bas de page, de fin de chapitre, ou marginalia, fait partie de l’expérience courante de toute lecture, qu’il s’agisse d’un cadre littéraire, scientifique, ou encore quotidien. Elle possède une histoire particulière qui n’engage pas dès le départ la fiction littéraire et est originellement attachée à un usage érudit dans des ouvrages scientifiques et surtout historiques. Elle appartient à une tradition qui prône la clarté, la connaissance, et possède a priori un rapport très étroit au réel et à la vérité, c’est pourquoi un usage fictionnel de la note de bas de page ne semble pas aller de soi. Cependant bien des auteurs l’ont employée dans un cadre romanesque, nous pouvons penser à Tristram Shandy de Lawrence Sterne, à Finnegan’s Wake de James Joyce ou plus récemment à Pale Fire de Vladimir Nabokov, The Mezzanine de Nicholson Baker et House of Leaves de Mark Z. Danielewski. C’est à ce dernier roman, que nous nous intéresserons ici. Depuis sa parution en 2000, House of Leaves a acquis le statut de roman culte. Il débute par les confessions de Johnny Truant, un antihéros qui entre par hasard en possession du manuscrit d'un vieil original nommé Zampano. Ce dernier a remisé dans une malle l'intégralité de son œuvre : un essai volumineux et prodigalement annoté, portant sur un film qui n’existe pas: Le Navidson Record. House of Leaves est le récit de la composition/recomposition d’une œuvre. Nous étudierons ici les deux « auteurs » de cet essai, deux instances annotatrices des moins réglementaires. En effet, si le texte principal est pour le moins dense, c’est dans les marges et les notes de bas de page, que se révèlent à la fois la vraie nature des personnages et le véritable lieu de la fiction, aussi paradoxal soit-il. C’est en marge que la folie de Truant comme de Zampano est mise à jour et que le texte principal est amené à être reconsidéré. Nous nous attacherons donc à révéler, à travers les voix délirantes de Zampano et de Johnny Truant, comment les limites entre le texte et le paratexte, la réalité et la fiction, la folie et l’équilibre sont troublées.



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