Le livre, lieu de nombreuses convergences, a été particulièrement affecté par l’avènement des nouvelles technologies, et ce dans tous les domaines (marketing, édition, esthétique, poétique…) On ne peut plus concevoir le livre de la même façon qu’il y a 20 ans. En effet, il se retrouve depuis quelques années aux prises avec une évolution qui affecte l’ensemble de notre société et dans laquelle il joue un rôle prépondérant, à la fois précurseur, acteur, bénéficiaire ou victime selon les avis. Le succès et l’utilisation croissante des nouvelles technologies dans notre société, en particulier d’Internet, ont eu pour effet de modifier les schémas de réception des lecteurs, comme les schémas créatifs des auteurs. Il s’agira donc d’étudier de quelle manière cette évolution a eu un impact sur le livre et sur la textualité en général.
Il semblerait que nous appartenions à une société où l’hybridation est omniprésente dans plusieurs domaines à la fois sociaux, politiques, biologiques et artistiques. Ce terme ambigu et si souvent utilisé semble résolument appeler à une définition précise. L’hybridation est ainsi communément employée dans bon nombre de disciplines (biologie, physique, art, sociologie...). Cependant, si on trouve aujourd’hui bon nombre d’études scientifiques, cinématographiques ou artistiques sur les effets des nouvelles technologies, très peu de travaux ont été réalisés sur les hybrides littéraires.
L’hybridation n'est pas un objet en soi, mais correspond à l'action de transformer et de modifier à la fois les objets, les outils mais aussi les pratiques littéraires qui nous étaient jusque là familières. Je m’attacherai donc en premier lieu à décrire et contextualiser les notions d’hybrides et d’hybridation dans toute leur interdisciplinarité afin d’embrasser tout ce que ce concept implique d’ambiguïtés et de paradoxes. Ce premier mouvement devrait constituer une base de réflexions et de définitions nécessaires pour aborder ensuite l’hybride littéraire dans toutes ses particularités. Il s’agira ainsi d’analyser de manière précise un corpus de textes français, américains et québécois fictionnels et récents, publiés sous forme de livre : comme P.A de Renaud camus (1997), 72 (2002) et Tokyo (2005) d’Eric Sadin, Corpus Simsi de Chloé Delaume (2003), House of Leaves de Mark Z. Danielewski (2000)... L’observation précise des œuvres apparaît en effet indispensable et complémentaire à l’appareil théorique et historique pour analyser les objets et saisir les différents types d’hybridation en jeu. Le but de l’étude de ces oeuvres est de parvenir à la création d’une typologie de ces hybrides, d’analyser leurs modes de fonctionnement et les mutations littéraires dont ils procèdent. Tout cela implique finalement la création d’outils d’analyse spécifiques à cette nouvelle littérature.
Ce projet de thèse conduit aussi à s’interroger sur les implications de l’existence de ces textes hybrides sur les conceptions littéraires comme sur leur étude. Tout au long de ce travail de recherche, il s’agira de s’interroger sur l’avenir du livre et de la littérature en général : des questionnements indubitablement contemporains que la recherche littéraire ne saurait, selon moi, ignorer sous peine de se scléroser et de s’éloigner de plus en plus de la société sans cesse en mutation qui est la nôtre.
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