Nous pourrions partir des expériences réalisées sur
l'objet livre par les membres des
Editions
Volumiques, qui utilisent la technologie afin de l'augmenter; produisant
ainsi des livres munis de circuits électroniques dont les pages se tournent
toutes seules, où dont les textes disparaissent sous les yeux du lecteur. Le
travail des Editions Volumiques est avant tout plastique, le texte ayant pour
le moment une importance mince dans leurs créations, mais il existe un pan de
la production littéraire contemporaine qui semble partager ce même fantasme d'un
livre augmenté, un livre "branché". A l'heure des nouvelles technologies,
s'il est difficile de confiner le texte à son média historique, le livre n'est
pas pour autant devenu obsolète
. Dans des
œuvres comme
Corpus Simsi de Chloé
Delaume, le texte est mis au centre d'un dispositif transmédiatique qui le fait
passer du livre au jeu vidéo, aux performances multimédiatiques en public et au
blogue. Dans
P.A de Renaud Camus, le
livre est accompagné d'un hypertexte informatique, ou encore
Level 26 d'Anthony Zuicker invite le
lecteur à compléter sa lecture sur le Web avec des vidéos et un blogue. Ces
livres, que nous qualifierons de "branchés", proposent une expérience
textuelle simultanée où aucun média ne préside à l'autre. Nous chercherons à
mettre en lumière ce dispositif textuel hybride, au sein duquel la matérialité
du texte est
mise en jeu par la
multiplication des supports. Ces œuvres ont la particularité d’intégrer les
nouveaux médias tout en étant des livres imprimés et c’est dans cette fusion,
en forme de réconciliation, que réside leur intérêt principal. Elles se font
technotextes (Hayles) ou
ergodiques (Aarseth) et proposent un
travail réflexif sur cette
hybridation
médiatique du texte littéraire, démontrant que le livre conserve une place fondamentale
dans l'économie littéraire contemporaine et que sa résistance à lieu au sein
même de la redécouverte de la matérialité des textes.
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